Budget Québec 2025-2026 : analyse complète des priorités économiques, fiscales et sociales

Un budget sous le signe de l’incertitude économique

Le budget 2025-2026 du Québec est déposé dans un climat d’instabilité marqué par un conflit commercial avec les États-Unis et une croissance économique ralentie. Le gouvernement Legault mise sur une double stratégie : stimuler l’économie tout en maintenant le cap vers un retour à l’équilibre budgétaire d’ici 2029-2030. Près de 12,3 milliards de dollars seront investis pour soutenir les citoyens et renforcer le tissu économique du Québec. Le produit intérieur brut réel devrait croître de 1,1 % en 2025 et de 1,4 % en 2026, mais cette progression est affaiblie par les mesures protectionnistes américaines, qui retrancheront 0,7 point de croissance et 25 000 emplois. Le Québec s’appuie sur ses atouts : une économie diversifiée, une main-d'œuvre qualifiée et une base énergétique compétitive.

Dépenses prioritaires : santé, éducation, innovation et culture

Le gouvernement annonce 6,8 G$ d’investissements pour soutenir les Québécois, avec un accent sur les services essentiels.

  • Santé et services sociaux : 1,5 G$ sont prévus sur cinq ans pour renforcer l’offre pharmaceutique hospitalière, 725 M$ pour la protection de la jeunesse et 54 M$ pour renouveler la Stratégie québécoise des sciences de la vie. Une nouvelle stratégie nationale de prévention en santé recevra 15 M$ dès 2025-2026.

  • Éducation et enseignement supérieur : 278,5 M$ sont alloués sur cinq ans pour consolider l’aide financière aux étudiants et 39,2 M$ pour la formation d’enseignants qualifiés.

  • Culture et identité québécoise : Le gouvernement injecte 317,9 M$ au Conseil des arts et des lettres du Québec, 172,5 M$ pour promouvoir l’identité québécoise, et 164,2 M$ pour soutenir les entreprises culturelles via la SODEC.

  • Développement social et communautaire : 119,6 M$ sont dédiés à la lutte contre la criminalité et 24 M$ pour soutenir les banques alimentaires du Québec.

  • Innovation et économie : Un nouveau crédit d’impôt à l’innovation (CRIC) remplace huit mesures fiscales, soutenu par un financement additionnel de 2,6 G$ sur cinq ans. Technum Québec, une nouvelle zone d’innovation, bénéficie de 100,7 M$, tandis que 73,8 M$ seront investis dans l’automatisation des processus de l’État.

  • Infrastructures et transport : Le Plan québécois des infrastructures grimpe à 164 G$, avec un soutien de 1,4 G$ pour le transport collectif en 2025-2026.

Redressement des finances publiques : déficits, dette et retour à l’équilibre

Le déficit pour 2025-2026 s’élèvera à 13,6 G$, soit 2,2 % du PIB. Il devrait diminuer graduellement jusqu’à un retour à l’équilibre prévu en 2029-2030. Cette trajectoire repose sur une croissance annuelle moyenne des revenus de 3,2 %, contre 1,9 % pour les dépenses.

Près de 6 G$ par année seront dégagés grâce à trois leviers : une optimisation des dépenses budgétaires (9 G$ sur six ans), une réforme des entreprises publiques et l’examen du régime fiscal qui permet de récupérer 3 G$ sur cinq ans. Les cibles de réduction de la dette sont révisées à 35,5 % du PIB d’ici 2032-2033 et 32,5 % d’ici 2037-2038. La dette nette, qui atteindra 40,4 % du PIB en 2026, devrait redescendre à 39,8 % en 2030.

Pour se prémunir contre les risques économiques, deux scénarios alternatifs ont été étudiés : une récession causée par des tarifs américains à 25 %, ou un rebond économique si les tensions s’apaisent.

Un exercice prudent qui soulève des questions

Ce budget se veut équilibré, combinant relance ciblée et rigueur financière. Toutefois, plusieurs choix méritent examen. Les investissements en santé et en éducation, bien que bienvenus, pourraient s’avérer insuffisants pour répondre à des besoins criants. Le pari d’un retour à l’équilibre repose sur des hypothèses économiques favorables, sans offrir de solutions concrètes si ces prévisions ne se réalisent pas. Le gouvernement adopte une posture mesurée, mais le manque de leviers adaptatifs en cas de choc conjoncturel pourrait limiter sa capacité de réaction dans un contexte plus difficile.

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